Illustré par Janik Coat,
Ecrit par René Gouichoux
Publié le 10/2014 aux éditions Nathan,
32 pages, 10 €. 364 grammes. 22 x 27 cm.
1 poisson, 3 voleurs, 1 dragon est un album jeunesse paru aux éditions Nathan. Léger et d’une taille agréable, ce très joli ouvrage est accessible dès 4 ans.
L’illustratrice Janik Coat travaille avec des formes pleines à base de triangles, ronds et courbes vallonnées qui sont familières à l’enfant, justement en plein cycle d’apprentissage des formes géométriques en classe de maternelle.
Ses illustrations sont franches, présentent peu de détails et vont à l’essentiel pour offrir un contexte visuel efficace à l’histoire. Ainsi, l’enfant ne se perd pas dans une foule de petits dessins, son attention ne décroît pas et il reste bien attentif à l’histoire, soutenu par une palette de couleurs douces, nuancées et intelligemment choisies pour attirer l’œil du jeune lecteur sur les éléments essentiels à l’histoire.
Un coup de cœur visuel pour les enfants qui s’attachent vite à cet univers sobre mais expressif.
La première de couverture présente d’emblée tous les personnages du livre : un gros dragon multicolore, plus curieux que menaçant, occupe presque tout l’espace et ses grands yeux observent un tout petit poisson jaune fluorescent qui nage à portée de sa bouche… l’imprudent !
En arrière plan, cachés derrière des buissons, trois ombres noires, l’œil bas inquiétant, semblent guetter le moment opportun pour surgir…
L’enfant tient à peine le livre dans ses mains que celui-ci éveille déjà sa curiosité !
Lorsque je lis le titre à mon fils qui est âgé de 4 ans, ce dernier cherche les personnages que je cite et s’amuse à anticiper l’histoire : il ne me reste alors qu’à moduler la voix afin d’imiter la voix caverneuse du dragon, le ton perfide des voleurs ou l’expression effrontée de ce petit poisson intrépide et l’histoire commence déjà !
« Il était une fois un tout petit poisson.
Un jour, alors qu’il nage à la surface de la rivière, le tout petit poisson aperçoit sur la rive un poisson d’or.
Puis, un peu plus loin, un poisson d’argent. »
Ainsi commence l’aventure de ce tout petit poisson que la curiosité va mener hors de l’eau, face à trois voleurs affamés qui aimeraient bien le dévorer ! Hélas, comment s’échapper ?
Heureusement, qu’importe la taille lorsque l’on est plein de malice : la ruse dont fait preuve ce petit poisson lui permettra même de se libérer des griffes d’un gros méchant dragon…
«Soudain un, deux, trois voleurs arrivent avec un grand sac.
-Héhéhé ! Un poisson d’or, dit le premier voleur.
Il l’attrape et le fourre dans le sac.
-Héhéhé ! Un poisson d’argent, dit le deuxième voleur.
Il l’attrape et le fourre dans le sac.
-Héhéhé ! Un tout petit poisson, dit le troisième voleur.
Il l’attrape et dit :
-Qu’est-ce qu’on va faire de lui ?»
L’histoire entraîne très vite le jeune lecteur grâce à une structure régulière dont l’efficacité n’est plus à démontrer : l’enfant s’amuse des ritournelles répétitives, les mémorise, les anticipe, se rassure lui-même et comprend ainsi beaucoup mieux l’histoire. Cette construction cyclique est par ailleurs idéale pour la narration à voix haute, à laquelle l’enfant participe très vite de lui-même.
Il s’amuse, et l’on éprouve du plaisir à l’accompagner dans cette lecture !
Le récit est bien entendu moralisateur : ce ne sont ni les plus costauds ni les plus nombreux qui sortent vainqueurs du récit, mais bel et bien ce minuscule poisson, plus malin que ces adversaires.
Je regrette cependant que la morale ne soit pas explicitée à la fin de l’album. En effet, à quatre ans, l’enfant est encore un peu jeune pour construire seul le raisonnement logique qui découle de l’histoire ! Les contes de Perrault incluaient toujours une petite morale à la fin du conte, qui permettait de réfléchir seul(e) à sa signification et d’avoir une seconde compréhension de l’histoire, plus en profondeur. Une petite phrase dans cet esprit aurait été appréciée à la fin de l’histoire…
Les premières pages de cet album peuvent être découvertes ici !
